Quand on a partout fermé l’immigration du travail salarié, bien des migrants ont cherché d’autres voies pour entrer légalement, notamment celle du droit d’asile. Du coup, le soupçon s’est généralisé : tout demandeur d’asile serait a priori un « tricheur ». Ce soupçon ignore que la frontière entre immigration de travail et immigration d’asile n’est pas aussi nette que dans les textes juridiques. Mauvaise gouvernance, incurie des pouvoirs publics, chômage massif : ces « causes » ne sont certes pas prévues par la Convention de Genève de 1951. Ne peut-on dire, tout de même, que ces personnes fuient des conditions de vie qui mettent en danger leur survie ? La question est difficile et divise les militants des droits de l’homme. Pour les uns, si on ne respecte pas à la lettre les textes régulant le droit d’asile, on va nuire aux « vrais » demandeurs d’asile. Pour d’autres, il faut intégrer le fait que la plupart des causes poussant à l’exil ne sont plus individuelles mais collectives : des groupes entiers sont menacés en raison de leur appartenance ethnique, religieuse, voire sexuelle. Quand des femmes arrivent en Europe en disant : «En tant que femme, je risque ceci ou cela si je reste dans mon pays », on ne peut les accepter au titre de la Convention de Genève. Mais faut-il les repousser ?
Les effets de la politique d’externalisation de l’asile
Beaucoup de véritables demandeurs d’asile sont maintenant empêchés de pénétrer en Europe pour y déposer leurs demandes. C’est le résultat de la politique d’externalisation de l’asile, qui consiste à empêcher les demandeurs d’asile d’arriver en Europe, en demandant à d’autres pays de les retenir : Maroc, Libye, Ukraine, etc… On pourra consulter à ce sujet le dossier de Projet n°308 de janvier 2009 sur les « camps pour les migrants ».
Extrait de la conférence de Christian Mellon
le 22 mars 2010
le 22 mars 2010