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Ce blog, voulu par l'Antenne Sociale Nord-Pas de Calais (voir profil), se veut un espace d'échanges et de réflexions partagées autour de questions de société, qui se posent dans la région (mais aussi ailleurs). Ces questions seront abordées sous l'angle de la dignité de tout être humain, dans la lignée de la pensée sociale de l'Église.

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lundi 23 août 2010

LES MIGRANTS DANS LE MONDE

Des chiffres en augmentation mais qui restent faibles
Il faut d’abord s’accorder sur le sens du mot « migrant ». Il désigne une personne « qui est née étrangère dans un autre pays que celui dans lequel elle vit ». A distinguer des « déplacés » qui sont ceux qui ont quitté leur lieu de vie, mais sans franchir une frontière. En 2006, le « stock » de migrants, sur la planète, était estimé à 191 millions, soit 3% de la population mondiale. Ces 191 millions se répartissaient ainsi : Sud/Sud : 61 Sud-Nord 62 Nord-Nord 53 Nord-Sud 14 C’est peu, mais c’est en augmentation. Dans les années 70, c’était seulement 2 % de la population mondiale.

Des raisons multiples à l’origine des migrations
Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation constante de la mobilité :
• La chute des régimes qui enfermaient leurs citoyens
Aujourd’hui, tous les pays, sauf Cuba, la Corée du Nord, la Birmanie et, à un moindre degré, la Chine, laissent leurs ressortissants sortir librement. Les passeports se sont généralisés. Selon Catherine de Wenden, le « droit de sortie » est devenu universel. C’est d’ailleurs conforme à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, qui dit que chacun a le droit de quitter un pays, y compris le sien. Cet article ouvre un « droit à la migration ». Le problème, c’est que le corollaire logique - le droit de s’installer dans un autre pays - n’est pas mentionné. Il y a donc un « droit de sortie », sans « droit d’entrée » correspondant. Si le droit de sortie est de mieux en mieux respecté, le droit d’entrée dans un autre pays reste soumis à la souveraineté des États.
• L’offre abondante de transport
Les moyens de transport se sont développés considérablement. Le tourisme s’est mondialisé. 800 millions de personnes, chaque année, franchissent une frontière, dont la moitié au moins pour des vacances ou du tourisme.
• La violence armée Les conflits armés continuent à jeter sur les routes de l’exil des populations victimes ou menacées. On voit affluer en Europe, ces temps-ci, les Irakiens, les Afghans… Il y a quelques années, ce furent les Tchétchènes.
• Les causes environnementales Bientôt il faudra compter avec les « réfugiés environnementaux ». Selon certains rapports de l’ONU, 50 millions de personnes, dès 2020, pourraient être contraintes de quitter leur pays parce que leur terre sera devenue invivable (trop sèche ou trop inondée).
• Les besoins économiques des pays d’émigration
Les pays de départ peuvent favoriser le départ de leurs ressortissants, car les sommes renvoyées à leurs familles sont importantes. 232 milliards d’euros sont expédiés par les migrants vers leurs pays d’origine. Cette somme est supérieure à celle de l’Aide Publique au Développement. Les Philippines, par exemple, encouragent la migration de leurs ressortissants : 1 Philippin sur 11 vit à l’étranger.
• Le «différentiel de développement »
Le « mal-développement » est souvent souligné comme cause des migrations. On se souvient de la phrase de Michel Rocard sur «la misère du monde ». Mais toutes les études soulignent que ce ne sont pas les plus pauvres qui migrent. Il faut pour migrer avoir quelques ressources, des relations, un minimum d’éducation… Un début de développement dans un pays très pauvre augmente plutôt les possibilités de migrer. Le facteur qui provoque le désir de partir, ce n’est donc pas la misère, mais le « différentiel de développement ». Désormais, grâce aux médias, la plupart des habitants des pays mal développés (ce qui signifie autant : corruption, manque de démocratie, tensions ethniques, absence de débouchés pour les diplômés, que pauvreté) voient comment on vit dans les pays riches. Il faut donc récuser les discours qui présentent le développement comme un « remède » au « mal » que serait la migration. Ce n’est vrai qu’à moyen et long terme.

Des migrants aux profils très divers

Notons de grands changements qualitatifs, qui vont dans le sens d’une forte diversification des migrants. Hier, le migrant type était un homme, peu qualifié, allant offrir sa force de travail, avec le désir de revenir chez lui ensuite. Aujourd’hui, les migrants ont des profils très divers : des demandeurs d’asile, des femmes et enfants plus nombreux ; des élites qualifiées, voire très qualifiées. Les divers types de migrations : - migration d’établissement - migration de travail - migration familiale (regroupement et mariage) - migration pour les études : en 2000, il y avait 2 millions d’étrangers dans les universités des pays développés - réfugiés et demandeurs d’asile : 13,5 millions en 2005 - migrants illégaux (12 millions aux États-Unis)

Extrait de la conférence de Christian Mellon
le 22 mars 2010

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